Aujourd'hui je suis resté au camping de Amboise, repos, lessive et balades.

En fin d'après-midi, à l'entrée du camping je vois un petit chapiteau, des gens en costume de scène moyenâgeux, de la musique, des danses, une table avec des verres dessus, pas encore pleins mais appelé à le devenir, des petits gâteaux...

Je m'approche donc, et que vois-je: nos deux gonzesses, qui pagayent comme nous depuis Roanne, qui trônent au milieu de tout ça, tout sourire, avec encore le gilet de sauvetage sur le dos, trempées de la tête aux pieds (elles ont dû s'arroser avec un jet pour faire plus vrai), qui racontent leurs exploits, sans préciser bien sûr que c'est l'association caritative qui leur paye l'hôtel et toute la maintenance (des vacances à pas cher, donc).

Discours, congratulations, embrassades... Et j'apprends que tout ce cirque est organisé par le Lions'club, ici et dans toutes les villes où les kayakeuses font étape.

Le Lions'club est composé de gens fortunés, souvent médecin, chirurgien, avocat, toujours cathos, qui étalent leur générosité, jouent les bienfaiteurs de l'humanité,exhibent leur altruisme, se font les chantres de la charité chrétienne, alors que le matin même ils ont laissé crever un pauvre qui ne pouvait pas les payer. Ils étaient tous là avec leur carnet de chèques à exhiber leur sens du sacrifice, y'en à même une qui me demande à l'ordre de qui elle doit faire le chèque, je lui suggère de le faire à l'ordre de "lesbaladabob",je l'ai senti tout de suite perplexe, on se demande pourquoi ?!

Mais le plus con là dedans, c'est l'accompagnateur, celui qui assure l'intendance avec son fourgon, il n'avait pas remarqué qu'il y avait d'autres kayaks qui descendaient la Loire en même temps que ses deux copines, ni les Houtin, ni les suisses, pourtant nous, on les voit tout les jours depuis deux semaines. Quand j'ai voulu lui parler de leur descente, il a crû que je cherchais à me rallier à leur cause, sur un ton qui mettait en doute l'opportunité de m'intégrer à une telle élite, je lui ai expliqué que j'en n'avais rien à foutre de leur bazar, que la descente de la Loire je la faisais pour moi et que le jour où la santé de la population passera par ce genre de mascarade, il faudra s'attendre à mourir jeune ou ruiné par ses amis médecins, sur ce, je me suis dirigé vers le buffet, j'ai bu leur Vouvrais "cuvée Prestige ", j'ai bouffé leurs gâteaux et je me suis cassé.

Demain, les deux morues seront à Tours, moi j'y serai avant midi, je pense que je ne les reverrai plus.